Dès mon plus jeune âge, j’ai compris que le style permettait de s’affirmer, et même, le cas échéant, de servir d’armure. Dès lors, j’ai fait du vêtement mon talisman. Il m’a permis à la fois d’imposer ma voix et de tracer ma voie dans un monde qui me semblait hostile.
Mon désir de m’élever par la connaissance m’a conduit à poursuivre des études de philosophie. Rattrapée par mon envie de créer, je suis passée par les Beaux-Arts de Rueil Malmaison avant de faire une formation en style complétée par des études en Merchandising Visuel et Architecture d’intérieur. Forte de cet arsenal éducatif et artistique, j’ai travaillé au sein de la maison Chanel durant plusieurs années. Après la naissance de mes deux enfants, j’ai ressenti le besoin irrépressible d’explorer à ma manière le Beau sous toutes ses formes, de développer mon propre univers, où le vêtement serait le principal médium.
Rosamen Bado voit le jour en 2019, l’année de mes 33 ans.
Quand Rosamen Bado quitte Haïti pour s’installer en France, elle a 33 ans. Sa puissance et son courage sont des outils qui lui ont permis de trouver sa place dans un pays dont elle ne maîtrisait ni la langue, ni les codes. Nous habitions à l’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) dans la tour 16 de la rue Sainte-Colombe. Rosamen, ma maman, m’a laissé en héritage un goût immodéré pour le vêtement. Le week-end, elle m’emmenait avec elle à Belleville dans des boutiques de seconde main. Je me perdais dans ces cavernes d’Ali Baba fouillant un peu partout dans l’espoir de dénicher de mystérieux trésors.
Mon premier souvenir vestimentaire ? Une jupe bleue à pois blanc associée à une blouse moutarde à col mao et des santiags imitation croco, le tout chiné en friperie. J’avais 7 ans, je me sentais différente et… j’adorais ça !
“On est pas obligé de ressembler à ses problèmes”
me disait-elle.
Rosamen Bado, c’est un hymne aux femmes qui choisissent d’arborer et d’imposer leur féminité à coup de volants, jabots, fleurs et autres ornementations dans un style baroque, tout en volumes et ultra coloré.
Rosamen Bado est une marque française qui se donne pour mission d’offrir un vestiaire hors du commun, puisant ses codes dans des univers multiculturels et aussi différents que la Renaissance, les films de Buñuel, ou encore les années 60 et 70.
Aujourd’ hui encore, des codes nous sont imposés dans le cadre professionnel et personnel au nom d’une sacro-sainte légitimité dépassée et limitante. En créant cette marque, je souhaite un monde où les femmes, revêtues de leurs « armures », se sentent elles-mêmes, à l’abri et invincibles. Produites en séries limitées, dans des ateliers parisiens, les pièces sont réalisées à partir de fins de stock de tissus issus principalement de l’industrie du luxe. C’est tout naturellement que j’ai souhaité inscrire mon projet dans une économie circulaire et responsable en écho aux fripes de mon enfance. Pour en savoir plus c’est par ici.
